La fête de la science !

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Aussi étrange que cela puisse paraître, je rêve du jour où la Fête de la science n’existera plus !

Non qu’elle ne mérite pas d’être ainsi mise en avant, au contraire. Elle pourrait être célébrée chaque jour que fait la mécanique céleste tant elle éclaire nos vies. Seulement le jour où l’on ne fêtera plus la science signifiera qu’elle aura enfin réintégré le panthéon de la culture.

Y a-t-il une semaine de la littérature, du théâtre, de la peinture, de la photographie… Nul besoin de porte-voix et de dispositions particulières pour que ces disciplines attirent l’attention du public. Chacun sait comme si c’était ancré au plus profond de lui-même, amateur ou profane, qu’elles apportent un regard sur le monde qui nourrit et éclaire le nôtre.

Et la science alors, n’a-t-elle pas son mot à dire sur l’idée que l’on se fait des hommes, du monde, du rapport des uns avec l’autre ? Bien sûr que oui, et depuis au moins 25 siècles, depuis qu’Anaximandre de Milet (premier philosophe et astronome grec –élève de Thalès- à avoir consigné ses travaux par écrit) elle parle, dit sa « vérité » sur les choses, une « vérité » qui évolue. Elle s’exprime depuis tout ce temps et aujourd’hui encore au quotidien. Mais sauf la communauté scientifique, (chercheurs, enseignants, ingénieurs, industriels…) bien peu sont prêts à tendre l’oreille, convaincus que la science n’est qu’un outil réservé aux seuls spécialistes. Un champ impénétrable qui nécessite des mots de passe et un vocabulaire insaisissable. La voilà donc cantonnée par décision générale mais arbitraire aux laboratoires et aux amphithéâtres et virtuellement cadenassée derrière des clichés poussiéreux. Comme si la science s’arrêtait aux mots. C’est d’abord une démarche.

La science ou plutôt les disciplines scientifiques racontent la vie. Elles ont permis en argumentant contre les idées en place de changer le regard des hommes sur le monde et par la même notre façon de penser et d’envisager a fortiori nos relations sociales. Certes il y a eu des génies, des inventeurs, des découvreurs, des précurseurs, des esprits futés et affutés qui ont eu la bonne intuition, au bon moment… Anaximandre (encore lui, il pensa le premier que la terre était ronde), Eratosthène (qui en mesura la circonférence), Archimède, Copernic, Galilée, Harvey (qui découvrit la circulation sanguine)… Jenner, Darwin, Faraday, Franklin, Pasteur, Broca, Röntgen, Lorenz, Wegener, Curie, Einstein, Higgs… ces grosses têtes ont bouleversé le futur des leurs congénères sur des générations.

Ne soyons pas dupes, l’immense majorité que nous sommes ne parviendra jamais à leur niveau… mais ce n’est pas une raison pour renoncer à la science. Renonce-t-on à l’émotion d’un Vermeer, d’un Monet, d’un Picasso ou d’un Basquiat sous prétexte que sa vie durant on a été incapable de dessiner un mouton ou d’accorder 2 couleurs primaires ?

La science n’est pas différente.

Ces femmes et ces hommes ont simplement ouvert des voies. Mais ils n’ont pas préempté la science. Ils ont posé des lampadaires pour que leurs contemporains et ceux qui suivront profitent de cet éclairage pour aller un peu plus loin. Ne pas s’aventurer sur ces chemins c’est renoncer au plaisir de comprendre c’est aller contre ce que Federico Cesi, naturaliste italien et ami de Galilée appelait « le désir naturel du savoir ».

Dans les années qui viennent, ces lumières seront plus que jamais nécessaires aux citoyens législateurs. Car de plus en plus de décisions nécessiteront un minimum de connaissances et de savoir dans les disciplines scientifiques. Pour exercer leur liberté de choix et ne pas la confier aveuglément à d’autres, les citoyens vont devoir s’aventurer sur ces chemins -et ça tombe bien la voie est dégagée. Pas forcément pour être en mesure de résoudre telle ou telle équation, d’exprimer telle ou telle réaction chimique -la science ne se résume pas à une accumulation de formules- simplement pour comprendre les concepts : ce qui se passe à l’intérieur d’une cellule, comment bougent les plaques sur lesquelles sont posés les continents, comment opère la sélection naturelle, comment deux atomes se combinent, deux planètes demeurent à égale distance, le jour la nuit, les ondes électromagnétiques… Dans leur quête de vérité… du moment les scientifiques ont utilisé des formules, mais la science raconte d’abord et avant tout l’histoire du monde.

Un jour peut-être la science n’aura plus besoin de cérémonie pour être célébrée… mais c’est beaucoup trop tôt. Il faut profiter de l’opportunité de cette semaine pour parler de science, et la débarrasser des clichés qui l’entourent et plus que les fondamentaux scolaires, dissuadent le public d’y goûter avec plaisir et bonheur.

Une semaine c’est peu, mais c’est comme une boite de chocolats. Elle se referme vite mais c’est comme ça qu’on suscite l’envie !

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